vendredi 4 janvier 2008

GRAN TURISMO 4 : Les 24h du Mans...épilogue

Bonjour à tous,

Euh oui il serait peut-être temps de faire le point...

La course sur le plan humain ? Vous l'avez sans doute deviné, mais je vais être plus précis.

Je devais revenir pour 7h, bien je me suis dit qu'il faudrait peut-être que je me prenne un petit déjeuner (avec du café...), ce qui repoussait ma prochaine fenêtre à 9 environ. Seulement voilà, après 19h de course, nous étions premiers avec un écart qui variait toujours de 15secondes à une minute environ. J'en avais marre. Je ne pouvais plus supporter la pression. Il me fallait enchainer plusieurs relais pour nous mettre à l'abri...maintenant, et pas au relais suivant.

Lorsque Wiliam devait prendre la relève, bien j'ai du continuer car il était fatigué. Il plongea dans une sieste qui durera tout le reste de la matinée. 9h-10h fut un créneau horaire particulièrement difficile, car je ressentais le sommeil et le besoin de dormir. C'est ainsi que je fis plusieurs tout-droit, au secteur dunlop, au chicanes des hunaudières, à Mulsanne, à Arnage, presqu'aucun secteur du circuit ne fut oublié. Pourtant j'avais trouvé la solution : chanter. Chanter les chansons de la bande son était un moyen particulièrement efficace pour me tenir éveillé, n'en déplaise à Wiliam. Seulement, là encore il y avait un hic : je connaissais tellement bien les paroles (ainsi que les articulations instrumentales...), que chanter était devenu un automatisme, je pouvais donc dormir en chantant, et me réveiller dans le mur de pneu de l'un des deux chicanes.

Mais comment en suis-je arrivé là ? Lutter pour m'envoler dans une course "à peine plus difficile que les deux courses aux 300km"(Grand Valley et Tokyo R246)...C'est que dans les faits, c'était un défi à plus d'un titre. Si j'ai réussi (je ne sais trop comment) à faire accepter cette course par mes parents, je l'ai difficilement faite accepté à mon volant. Ce dernier a déjà un Gran Turismo 4 à son actif (c'est dire), en enchainer un deuxième, ce n'est pas donné à tous les volants, même à un Driving Force Pro ! J'ai de nombreux soucis avec le pédalier. Ayant plus de 50 000 km dans les pattes, le pauvre pédalier ne fait plus tout à fait ce qu'on lui demande. Certes, il accélère quand on écrase la droite (quoiqu'il demeure très difficile d'atteindre les 100%, on on tourne plus autour de 95-97%), il freine bien aussi lorsque l'on freine, et cette fois à 100%, voire plus...Il arrive en effet que le volant freine tout seul, et pas forcément à bon escient.
j'appréhendai la course pour cette raison. Car 24h, cela aurait fait long pour lui comme pour nous. Supporter ces freinages intempestifs, surtout lorsque l'on est au bord de la défaite, est particulièrement éprouvant, en témoigne mes recherches d'un DFP de remplacement, pendant la course. Ceci dit, Malgré les crasses qu'il m'a fait récemment, il doit tout de même son salut à son œuvre (ou notre œuvre commune). C'est avec lui, je vous le rappelle, que j'ai fini Gran Turismo 4.

C'est donc avec un certain soulagement que je mis au point un système pour empêcher cela (j'ai oublié de le rajouter dans la partie anecdotes d'ailleurs) : un système de maintient en position haute, composé d'un jeu d'élastiques annulaires serrant les deux pédales, avec la partie inférieur passant sous les coudes de ces dernières ; ce jeu était tiré vers l'arrière par un lacet qui passait sous le pédalier pour son maintient, et qui gênait bien les pieds (avec le manque d'habitude ce genre de présence...), cela a très bien marché les quatre premières heures, puis a totalement dégradé les réactions du pédalier, ce qui nous obligea à les couper (
d'ailleurs mes pieds ont eu chaud durant la manœuvre !)

Si, avec le temps, j'ai appris à faire avec les nouveaux caprices de mon outil de jeu, ce n'est pas le cas de mon cousin, qui ne passe pas sa vie sur les Gran Turismo. Aussi il était bien difficile de composer avec de tels manies, même si au final, c'est lui qui a compris comment limiter ce phénomène : relâcher la pédale de frein d'un coup sec. C'est sans doute grâce à cela que j'ai pu limiter mes pertes de temps dans mes relais. Mais ce geste "simple" fut d'un apprentissage délicat, en conditions de courses, au volant d'une 787B de 700ch, à des freinage à 350 km/h.

11h : c'est le début du réveil, un défi me revient alors : boucler la course en 400 tours. La C9 et ses 950ch pour 900 kg ne me laissait pas le choix, c'était 399 tours minimum. En revanche, 400 tours revenait à lui prendre 5 ou 6 minutes d'avance environ. Et comme j'aime les chiffres ronds, je n'ai pas pu résister à la tentation, et j'ai tout donné pour y parvenir (ce qui m'obligea à terminer la course). Mais que ce soit à plus d'une heure ou à moins de 10 minutes, j'étais incapable de dire si j'allais y arriver...Surtout que cela m'obligeait à faire 10 tours dans mon dernier relais. La panne sèche me guettais dans mon attaque à outrance. Le 400 ème tour fut franchi à 23h58min environ, et parcouru en près de 6 minutes. Ma course était donc l'une des plus longues courses des 24h du Mans. Impossible de m'arranger pour franchir la ligne quelques secondes après les 24h, car mes 7L et ma C9 ne l'entendaient pas cette oreille.

Puis, le début de la fin, je termine la course sans cérémonie, et m'empresse de sauvegarder pour ne pas perdre le bénéfice de notre dur labeur. Et je retourne sous Mac OS...Je n'ai pas l'impression d'être fatigué, ni d'avoir sommeil, et ce malgré un retard de sommeil datant d'avant la course ! Il faut dire que mon "traitement" au café était sagement calculé...Je me suis préparé un traitement préventif, à savoir un traitement qui joue sur l'interaction de la caféine et de l'adénosine. Comme l'adénosine est un neuro-médiateur dont l'accumulation suit la pression de sommeil (accumulation linéaire commencée à chaque phase de veille), prendre du café à mon réveil, puis à des intervalles de temps réguliers peu après retarde cette accumulation. À 22h, après huit heures de course, j'avais comme l'impression de sortir du lit. L'objectif était de faire durer au moins une bonne vingtaine d'heure (retarder l'apparition du seuil critique d'adénosine), histoire de me coucher après le lever du soleil. Certes, ma sièste en serait de moins bonne qualité (du fait du calage de l'horloge biologique sur ce repère de luminosité), mais au moins, le simple fait de "dormir" me fait bénéficier de la décroissante exponentielle de ce taux d'adénosine (eh oui, c'est comme ça que ça se passe ^^), histoire de faire une remise à zéro en très peu de temps et à finir la course sans café.

Comme vous l'avez vu, ça ne s'est passé comme prévu.

Ma course s'est donc déroulée pratiquement dans les pires situations envisageables. Si c'était à refaire, ce serait "oui" hésitation !

Là encore il y a un "mais". Car le père a été très généreux en m'offrant un cadeau que je n'osais même pas en formuler la demande (à savoir un cousin qui serait suffisamment talentueux ET courageux pour faire les 24h du Mans avec moi). Et rien que pour cela, oui, Inès, je pense que finalement tu as raison, le père existe peut-être. Mais il ne m'a offert qu'un cousin remplissant ces conditions, alors que Gran Turismo 4 comporte trois courses "aux deux tours d'horloge". Si bien que, contrairement à ma nouvelle montre, et conformément à mon autre fardeau de cadeau, celui-ci avait un quelque chose d'inachevé, d'incomplet. Je vais devoir bloquer deux week-end pour me farcir les deux autres...

Quoiqu'il en soit, cette course fut une formidable aventure humaine, une extraordinaire expérience de dépassement de soi. Cela vaut la peine d'être vécue au moins une fois dans sa vie.

Ceci dit, petit avertissement : si je n 'avait pas sommeil au sortir de ces 24heures de folie, je n'en demeurais pas loin fatigué, endolori, meurtri. Autant vous dire que je n'ai pas connu de réveillon. Il m'a fallu tout le temps qui s'est écoulé depuis la fin de cette course à ce soir, pour récupérer (c'est pour ça que je n'ai pas posté plus tôt). De plus, "moi qui ne suis jamais malade", j'étais tellement affaibli que j'ai bêtement attrapé froid, à peine après avoir repris le boulot. Si l'aventure vous tente, laissez-vous quelques jours pour récupérer.

Cette course étant faite, il me reste une bonne moitié de courses d'endurance à terminer...Et j'ai une échéance, l'arrivée de Gran Turismo 5. Cela ne va pas être facile à gérer, je vais devoir courir encore ce weekend comme à bien d'autres. Je pense aux 9h de Tsukuba (la plus longue hors 24h) et au 4h du Nürbürgring qui me bloque pour le championnat du monde. J'ai encore quelques heures pour me décider.